Il faisait froid ce matin-là, avec du vent et de la pluie fine. L’hiver arrivait à son terme. Les New-Yorkais étaient impatients de revoir les beaux jours de printemps où les jardins verdoient et fleurissent. Maurice se promenait dans les rues de New York, qui étaient animées et pleines de joie. Il était censé d'interviewer Véronique Dalmais, la professeur de français, pour écrire un article sur les raisons qui expliquent pourquoi certaines femmes ne veulent pas se marier. Quand il est arrivé à la rédaction, sa chef est venue lui parler toute souriante.
« Tu as rendez-vous à 11 heures avec Mlle. Dalmais, au Café Carlyle. » a-t-elle dit.
« Café Carlyle ? Entre Park et Madison Avenue ? » a-t-il demandé.
« Précisément. »
« Ouais, j’y serai. »
Et il était là. Quand Maurice l’a vu, il est devenu fasciné par la beauté étonnante de Véronique. Il s’est assis en face d’elle et s’est présenté. Tous les deux ont commandé deux cafés-crème et ont commencé à bavarder sur les banalités de la vie quotidienne. Tout à coup, il lui a posé la grande question.
« Et le mariage, qu’est-ce vous en pensez? » Maurice la regardait comme une bête curieuse.
« Bof, je m’en fiche ! Le mariage ne m’intéresse pas. » a-t-elle répondu.
« Pourquoi pas ? » a-t-il voulu savoir.
« Moi, je vois le mariage comme une promesse qu’on n’est pas sûr de pouvoir tenir, une simple tradition qui fait perdre trop d’argent pour rien. »
Maurice a bien rigolé, mais Véronique a continué à parler.
« Mais oui ! Beaucoup de couples s’éloignent après le mariage ! Et un divorce coûte cher, n’est-ce pas ? »
« Touché ! »
« Vous savez... C’est plus la pression sociale qui me fatigue... Qui est-ce qui a dit que toute femme doit se marier ? »
Maurice mettait tout ceci par écrit. Il était certain que Véronique était super fan des écrivaines comme l’américaine Camille Paglia ou la française Simone de Beauvoir.
« D’ailleurs, c’est plus simple de vivre seule, sans enfant, même si c’est égoïste. »
« Alors, vous n’êtes pas intéressée par la vie de couple, Mlle. Dalmais? »
« Pas du tout. Ce qui m’interesse, c’est le coup d’un soir. »
« Vous êtes très franche, hein ! »
« Oui, je le suis. Mais ne pensez pas que je suis nymphomane. Moi, j’évite de m’impliquer avec mes partenaires, en maintenant mes relations avec eux au niveau sexuel. C’est tout. »
« Supposons que vous trouviez votre prince charmant... »
« Franchement, monsieur ! Le prince charmant n’existe pas. C’est une illusion ! À mon avis, les hommes sont comme les mots croisés du New York Times — difficiles, tordus et on n’est jamais sûr qu’on a la bonne réponse. »
« Et les enfants ? Vous ne souhaitez pas les avoir ? »
« Écoutez, M. Bradshaw. Je ne peux pas me permettre d’avoir un bébé. J’ai à peine trouvé le temps de programmer cet avortement. »
Maurice était scandalisé par les idées de Véronique. « Comment une femme peut penser ainsi ? » il se disait in petto. Quand l’interview a terminé, vers midi, Maurice est sorti du café perplexe et déconcerté, ne sachant pas quoi penser. Cependant, il n’a pas fallu longtemps pour que Maurice se rende compte que certains hommes refusaient de jouer ce rôle et aussi rejetaient le mariage. Il était, lui aussi, comme les autres. Et Véronique... Ah ! Elle était vraiment une femme séduisante et singulière. Pas comme les autres.
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IUne Fille Pas Comme Les Autres », de la chanteuse française Vitaa. Écoutez-la !